13 novembre, 14 juillet : les hommages des Tourangeaux aux archives

Après les attentats, la ville a conservé les poèmes ou les dessins laissés devant l’Hôtel de Ville.

Ce sont de grandes pochettes en carton, soigneusement rangées dans le bureau du directeur des archives municipales de Tours Jean-Luc Porel, au deuxième sous-sol de la mairie. Dans la première, on trouve un CD du groupe Eagles or Death Metal, un long poème, des dessins d’enfants… Tous laissés Place Jean Jaurès au lendemain des attaques qui ont fait 130 morts et plus de 400 blessés au Bataclan, sur les terrasses parisiennes et au Stade de France. Dans la seconde, encore des poèmes et des dessins, mais aussi deux petites peluches, déposés par des Tourangeaux après la funeste soirée du 14 juillet sur la Promenade des Anglais de Nice. Juste à côté, deux bâches sont roulées : celles que la ville avait accrochées sur la place, pour que les habitants laissent libre cours à leurs émotions après ce nouvel attentat qui a fait 86 morts. Les mots sont tristes, ou cruels : « je suis habitué ! Malheureusement… », lit-on sur une des bâches.

Un an après le choc du 13 novembre, relire ces textes écrits à vif ne laisse pas insensible : « nous les avons conservés comme trace institutionnelle de la mémoire collective » explique Jean-Luc Porel, déçu de ne pas avoir pu réagir à temps pour garder également les hommages suite à l’attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. « Ce sont des témoignages très personnels, des phrases souvent bien écrites. Il y a vraiment eu une volonté de s’exprimer avec la création, de manière très libre, jamais revancharde, ou en tout cas pas beaucoup.

S’exprimer ainsi sur l’espace public n’est finalement pas si fréquent : « le plus important c’état en 1968 avec la pose d’affiche, des graffitis. Il y avait un caractère de révolte comme on a aussi pu le voir récemment avec le mur d’expression en Haut de la Rue Nationale. C’est dommage qu’on ne puisse pas le conserver car c’est trop volumineux mais c’est intéressant. Tout cela est représentatif du souhait des Tourangeaux d’exprimer ce qu’ils ont en leur for intérieur » ajoute le directeur des archives qui cite également les livres d’or laissés en mairie après les décès de Jean Royer et Jean Germain comme des symboles forts de l’émotion d’une ville à un instant T.

A l’heure où beaucoup de choses se disent sur les réseaux sociaux, il est aussi intéressant de voir que toutes ces personnes ont pris la plume : « en écrivant publiquement il y a une forme de prise en compte immédiate des propos alors que sur les réseaux sociaux c’est très volatile, ça ne reste que quelques secondes. Écrire physiquement est un geste fort. D’ailleurs, d’autres villes ont aussi considéré que ces messages publics donnés par les habitants méritaient d’être conservés » poursuit Jean-Luc Porel qui imagine les historiens et les sociologues se pencher sur ces écrits dans quelques années. Ils pourraient aussi se voir exposer si le maire en émet le souhait.

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