Elle aide les sportifs à affronter le traumatisme de la retraite

La Tourangelle Véronique Barré est spécialisée dans l’accompagnement de sportifs de haut niveau en pleine reconversion professionnelle.

Ancienne joueuse de volley, mariée à un sportif professionnel, Véronique Barré est bercée depuis longtemps dans ce milieu. Un monde où femmes et hommes brillent par leurs résultats mais, tôt ou tard, tous finissent par devoir affronter la retraite athlétique alors qu’ils ont moins de 40 ans, et c’est souvent une marche très difficile à franchir : « personne ne veut reconnaître l’expérience sportive comme une vraie expérience de travail » explique cette Tourangelle entrepreneuse depuis une vingtaine d’années, qui les accompagne et qui vient aussi d’écrire un livre sur la reconversion dans le sport avec une trentaine de témoignages tels celui du handballeur Bruno Martini, de la basketteuse Yannick Souvray ou du médaillé olympique Stéphane Traineau.

« Il y a quinze ans quand j’ai débuté dans cette branche, je voyais déjà les difficultés que les sportifs avaient à passer le cap avec peu d’opportunités de reconversion. Ils sont ancrés depuis le plus jeune âge dans un entre-soi qui les rassure mais qui est très isolant. Ils sont coupés de la société et pour eux s’insérer dedans est dramatique. Leur identité est assimilée au sport, ils ne se définissent que par ça, ils ont parfois le sentiment d’être incultes » consate l’auteur qui ne fait pas vraiment de distinction entre les cubs de haut niveau et ceux des divisions inférieures, à quelques exceptions près comme Brive en Top 14 de rugby qui organise des entretiens individuels à tous ses joueurs de 18 à 36 ans. Car si certains parviennent à poursuivre leur carrière en tant qu’entraîneur, dans l’encadrement d’une équipe ou en tant que kiné et préparateur physique, les places sont rares.

Les sportifs sont-ils condamnés à rester dans leur univers ? « Le cycliste Jérôme Boucher qui témoigne dans le livre m’a dit qu’on lui avait refusé un bilan de compétences sous prétexte que de toute façon il ne savait faire que du vélo et que ce n’était pas la peine de perdre du temps » s’agace Véronique Barré pour qui « les sportifs ne savent pas quelles compétences ils développent et la société ne sait pas non plus les voir. » Pourtant, d’après elles, ces dernières sont multiples : « Par exemple un central au volley c’est quelqu’un qui est sur deux jobs, à la fois offensif et défensif. Il structure et organise la défense mais doit aussi être observateur, analytique, prendre des risques. J’en connais un qui s’est lancé dans les assurances. Il faisait chaque matin 2h de phoning, un boulot ingrat mais pour lequel il faut avoir une bonne capacité à sauter dans l’inconnu pour décrocher un rendez-vous. Quand on a une ouverture, il faut pouvoir concrétiser. Comme sur un terrain. Autre exemple : le cycliste Jérôme Boucher, capitaine de route, est aujourd’hui chef d’entreprise dans le domaine des espaces verts. »

En France, on compte environ 10 000 hommes et femmes qui vivent de leur sport : « ce sont des gens qui se lèvent pour performer, et je ne suis pas sûre qu’à la fin de leur carrière ils vivent très bien de rester là à jouer au Monopoly » insiste bien Véronique Barré qui estime qu’aujourd’hui, les clubs ne préparent pas assez leurs équipes à l’après : « ils veulent qu’ils ne fassent que ça mais du coup beaucoup se sacrifient. Alors que dans certains sports comme le volley féminin, les joueuses gagnent moins de 1 000€ par mois. » Et même dans des clubs de l’élite de basket, on est parfois à moins de 2 000€ en début de carrière. Loin des clichés des sportifs surpayés, et vu le temps que demande l’entraînement, ce n’est pas idéal pour avoir un job à côté.

Le résultat est implaccable : mal guidés, perdus, de nombreux sportifs sombrent dans la dépression une fois retraités : « c’est un vrai traumatisme, certains se suicident » avance Véronique Barré qui exhorte donc les jeunes à penser tout de suite à un avenir, entamer des formations, chercher des stages, pourquoi pas auprès des entreprises partenaires des clubs qui jouent alors un deuxième rôle : « on n’est jamais sûr de son contrat, il y a toujours le risque de fnir au chômage, on peut aussi se blesser… » Elle tente de prouver que, malgré les obstacles, les pros du sport sont des salariés comme les autres qui ont de grandes qualités à faire valoir et n’ont pas du tout à rougir de leur CV.

Olivier COLLET

« Le sport, des médailles et après ? Les atouts des sportifs pour l’entreprise », édité chez Descartes & Cie, en vente à la Boîte à Livres à Tours.

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