Des lacunes dans le projet Tours Métropole ?

L’ambition fait presque consensus sur le fond, moins sur la forme.

2h10. L’essentiel du conseil municipal de Tours de ce lundi soir a été consacré au premier point de l’ordre du jour : celui consistant à accepter le principe de l’engagement de la ville dans le projet de transformation de la communauté d’agglomération en métropole. Comme il l’avait déjà fait il y a quelques jours (lire notre article) le maire Serge Babary a déroulé son argumentaire en faveur de ce dossier, évoquant dès sa première phrase son caractère « historique ».

Cependant, et même si ils sont en grande partie favorables au projet, les élus d’opposition ont tenu à soulever plusieurs points qui handicapent le projet selon eux. Le socialiste Nicolas Gautreau regrette par exemple que le maire évoque déjà sans la dramatiser la solution au rabais au cas où le gouvernement refuse le passage en métropole, à savoir une transformation en communauté urbaine au 1er janvier 2017 : « avez-vous déjà abdiqué ? » provoque-t-il après avoir souligné que d’autres villes avaient entamé leur travail bien plus tôt ce qui justifiait qu’elles soient déjà passées au stade supérieur, elles (dont Nancy, que Serge Babary prend en exemple). Donc que Tours a du retard et aurait dû se préoccuper de tout cela dès 2014, par exemple. « Il va falloir démontrer notre volonté d’aboutir, j’espère que l’ambition n’est pas que financière » a-t-il conclu (le statut de métropole donne droit à une rallonge de crédits de l’Etat).

Autre socialiste, Nadia Hamoudi a surenchéri pointant la frilosité de Tours : « on sait que ce sera très compliqué. Tours doit poursuivre son rôle de locomotive mais pour l’instant ce n’est pas vraiment le cas. » Agacé, le maire l’a coupée dans son élan. Il s’est aussi énervé contre le communiste Pierre Texier en ressortant son programme de campagne prouvant qu’il était écrit noir sur blanc dès 2014 qu’il avait l’ambition de faire de Tours une métropole. Sur l’aspect financier, il a aussi tenu à remettre les pendules à l’heure : « j’ai déjà dit que ce n’était pas l’élément déterminant car l’Etat ne tient pas nécessairement ses promesses. » Et Serge Babary en a profité pour rassurer les inquiets : oui les syndicats et les fonctionnaires amenés à travailler pour la future métropole ont été associés au projet et oui les citoyens le seront aussi.

Mais les doutes de certains élus ne s’arrêtent pas là. Au Front National, Gilles Godefroy estime qu’il s’agit là surtout d’une question « d’égo » et que Tours Métropole va « tout centraliser » créant un désert autour d’elle. Une « équité » entre les territoires qui préoccupe également la socialiste Cécile Jonathan ou l’écologiste Emmanuel Denis qui ajoute que « devenir une métropole n’est pas un projet en soi » et craint d’avoir affaire « à une technostructure. »

Bref, l’union sacrée des élus présentée au ministre Jean-Michel Baylet à Paris la semaine dernière n’est plus si évidente sur le terrain et même si plusieurs opposants affirment qu’ils soutiennent le projet ils n’en sont pas moins dubitatifs sur son éventuel succès. De tout cela le maire préfère retenir le positif : « j’ai senti une volonté d’avancer et d’innover. D’avoir un regard attentif sur ce que cela va apporter à la population. »

La technique de l’anguille donc pour Serge Babary qui joue gros : il doit démontrer que Tours a les capacités « de recoller au peloton des 15 villes qui comptent » comme il le dit et le répète sans cesse. S’en convaincre n’est pas le faire accepter à Paris. Et le risque c’est de devoir se contenter de rester à l’arrière de la course et d’en subir les conséquences politiques car les sceptiques d’aujourd’hui l’attendent au tournant… Cela dit aussi on ne peut s’empêcher d’estimer que c’est un peu se tirer une balle dans le pied que de critiquer sévèrement puis voter pour. Les débats politiciens peuvent bien attendre, non ?

Olivier COLLET

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