DarkHues, un artiste qui a bonne mine

Il crée des tableaux réalisés exclusivement avec des stylos bille à encre noire.

DarkHues n’a pas d’actions chez Tours Habitat mais ne cesse d’en parler. Parce que le bailleur social a, sans le vouloir ni le savoir, joué une importance majeure dans l’évolution professionnelle de cet artiste de 33 ans, tourangeau depuis cinq ans mais qui a grandi dans le berry. « Après l’enfance, j’avais continué à dessiner dans l’espoir de suivre un cursus artistique. Finalement j’ai fait tous types de boulots : en usine, dans la vente ou la cueillette de fruits avant de prendre un poste d’éducateur dans l’environnement au CPEI de la Brenne-Berry. » Une vie qu’il a quitté après avoir eu le déclic, « un jour, en discutant avec des potes Place Plumereau. » Ses ambitions artistiques sont au centre de la conversation, l’envie est forte et prend le pas sur le reste. Le début d’une aventure.

Devenu illustrateur graphiste à son compte (il travaille par exemple pour des revues), le jeune homme veut s’installer à Tours et écrit donc à Tours Habitat pour obtenir un logement en se disant motivé « par le bouillonnement culturel » de la ville. Installé dans le quartier des Bords de Loire, avec vue sur le fleuve, il fait de son appartement son atelier et poursuit son cheminement, fonctionnant à l’instinct, et à l’impulsion. C’est un peu comme ça qu’il vient au stylo bille : « je connaissais la technique depuis 15 ans grâce à un ami fan de préhistoire qui s’en servait pour dessiner des pierres. » Il s’en souvient il y a un an et demi, quand on lui demande de produire des expositions à un coût accessible. C’en est fini de l’infographie et de la peinture acrylique, d’autant plus que le stylo aux couleurs de Tours Habitat reçu dans sa boîte aux lettres pour les étrennes est parfait pour ses projets de dessins.

« J’ai fait le tour de mon entourage pour en récupérer d’autres et quand je suis arrivé au bout, j’ai appelé Tours Habitat pour savoir quel était leur fournisseur. Ils n’ont pas trop bien compris mais ils me l’ont indiqué, d’autant plus qu’il est à Tours. C’était exactement la qualité d’encre qu’il me fallait. J’ai été le voir et je lui ai commandé 250 stylos, sans marque, sans rien. Juste les stylos. J’ai senti que je passais pour un illuminé mais ils ont accepté. » Devenu addict au stylo, DarkHues passe ses journées à dessiner, de chez-lui ou en ville (chez son amie d’enfance qui tient l’atelier Sofa, au Vieux-Mûrier ou au Petit Atelier où ses œuvres sont exposées jusqu’à la fin du mois). De longues journées, « parfois de 7h30 le matin à minuit », quitte à avoir mal aux yeux ou aux cervicales à force de se concentrer, penché sur ses feuilles.

Le travail paye. Au début destiné à Facebook, le projet de DarkHues (le nom fait référence à un film) prend de l’ampleur et on le réclame pour la biennale de Savonnières d’où il repart avec un prix spécial du jury ou encore la très courue exposition annuelle de La Boîte Noire de Tours, Les Petits Formats Érotiques. Quant à sa méthode de travail, l’artiste explique qu’il ne peut pas dessiner sans modèle : « il me faut un support photographique, j’ai besoin d’un modèle pour m’en écarter » explique-t-il avant de préciser qu’il ne se contente pas de reproduire les clichés, mais qu’ils les transforme : « je travaille beaucoup sur le traitement du regard, l’expression, les lumières… »

Le résultat ce sont des œuvres fines, très techniques (avec des dégradés et une foule de détails). Tout ça au stylo noir mais pas forcément sombre. On y trouve par exemple des autoportraits où la tête de DarkHues se transforme peu à peu en monument d’architecture, des mains entrelacées, un grand éléphant ou des singes couronnés. Des membres de son entourage ont même accepté de poser nus ou en sous-vêtements pour son exposition érotique.

C’est ainsi que DarkHues travaille de plus en plus à partir de ses propres photos que de clichés trouvés sur le net. D’autant qu’en grand voyageur, il vit des expériences fortes : la Californie, Porto, l’Autriche, Tchernobyl… Toujours en quête de nouveaux défis pour ne pas se lasser, il aimerait désormais travailler avec des Ephad ou des maisons de retraite et leur lance un appel : « les personnes âgées sont graphiquement intéressantes, je les photoshope d’une autre manière. » Une façon de valoriser l’âge pour sublimer l’humain afin de casser les codes : « on a tous une image de soi un peu dure » dit DarkHues, en pensant à lui en priorité.

Olivier COLLET

Cet été DarkHues exposera au Château d’Azay-le-Féron ou encore à Argenton-sur-Creuse. Il invite aussi les gens chez-lui pour assister à son travail et anime parfois des ateliers comme récemment dans un magasin de Châteauroux avec des enfants.

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