Débat sur la Loi Travail-El Khomri : « il faut convaincre la gauche, pas la contraindre »

Au PS d’Indre-et-Loire, les choix du gouvernement sont très critiqués…

En une semaine seulement, la pétition « Loi Travail : non, merci ! » a recueilli 750 000 signatures sur change.org, et c’est vraiment beaucoup. En lançant une telle réforme à un an de l’élection présidentielle et dans le contexte d’impopularité de l’exécutif que l’on connait, François Hollande et son gouvernement jouent avec le feu. Pour le bien de la France ? C’est en tout cas l’objectif affiché par la ministre du travail Myriam El Khomri et c’est parce qu’ils pensent exactement l’inverse que tous ces citoyens, dont de nombreux militants de gauche, lui tombent dessus. En particulier la maire de Lille Martine Aubry qui a signé la semaine dernière une tribune assassine dans Le Monde avec plusieurs autres personnalités pour dire « Trop, c’est trop ! » à Matignon.

Au Parti Socialiste d’Indre-et-Loire, ils sont nombreux à suivre cette ligne. Aubryste convaincu, l’élu Jocondien Vincent Tison accuse directement Manuel Valls d’être à la manœuvre au-dessus de sa ministre et de « diviser sciemment la gauche. » « Il ne respecte pas le congrès » s’agace-t-il. Vous vous souvenez ? Ce congrès où Martine Aubry et Manuel Valls s’étaient rassemblés derrière la même motion, la motion A, tandis que les frondeurs faisaient bande à part (dans la motion B). C’était il y a quelques mois seulement, et c’est déjà oublié.

« Il faut convaincre la gauche, pas la contraindre » ajoute encore Vincent Tison pour dénoncer la méthode du premier ministre qui n’a pas engagé de débat avant de mettre ce texte sur la table (même s’il ne sera présenté en conseil des ministres que le 9 mars). Premier secrétaire fédéral adjoint du PS d’Indre-et-Loire, Franck Gagnaire a aussi du mal à avaler la pilule : « c’est un projet maximaliste, un texte qui peut heurter parce qu’il s’attaque aux principes traditionnels de la gauche. » Si certaines dispositions de la future loi semblent lui convenir comme les négociations de l’organisation du temps de travail entreprise par entreprise (pour peu que les choses soient bien encadrées), il en juge d’autres purement et simplement « inefficaces » comme la simplification des licenciements : « en France, il est déjà plus facile de licencier qu’en Allemagne. »

« Le gouvernement est dans sa bulle. Et on ne gouverne pas un pays avec des coups de menton, ce n’est pas la bonne stratégie » dénonce également Franck Gagnaire. S’il regrette également la méthode employée par l’exécutif, le conseiller municipal tourangeau Nicolas Gautreau voit les choses un peu différemment : « c’est dommage d’avoir lancé ce texte sans débat préalable chez les socialistes, il aurait fallu mettre les choses sur la table au congrès, mais c’est aussi dommageable d’assister à une telle réaction publique négative. Il y a un rejet global de ce texte alors que certaines choses peuvent être intéressantes.  De plus dans sa tribune, Martine Aubry ne fait aucune proposition. » Et il pose la question : « est-ce que la gauche de gouvernement doit s’adapter à la réalité ou rester sur une posture de revendications pas toujours réalistes ? Ce n’est pas que je défends ce projet de loi mais ça m’intéresse de voir ce que l’on pourrait modifier pour être opérationnels… »

Alors quel avenir pour ce texte ? A 14 mois de la présidentielle, les élus de la majorité qui s’y opposent vont-ils oser le dire assez fort avec tous les risques que cela peut avoir dans les urnes ? Quoi qu’il arrive, les scrutins de 2017 surviendront trop peu de temps après la mise en place ou le retrait des mesures annoncées pour qu’on puisse analyser l’effet sur l’économie. Autre question : la Loi Travail peut-elle passer avec des voix de la droite ou le gouvernement va-t-il utiliser le 49-3 ? Mais surtout, tiendra-t-il face à la contestation populaire qui semble monter avec une grande grève annoncée pour le 31 mars et des appels à manifester dès le 9 mars, y compris à Tours ? En tout cas, ce lundi, Manuel Valls a annoncé un report du texte.

Olivier COLLET

Màj : Réaction de la section PS jocondienne (extraits)

« Ce texte qui s’Inscrit dans la refonte du droit du travail vide de son sens la loi des 35 heures, avec notamment la possibilité de l’allongement de la durée maximale du temps de travail à 46h pendant 16 semaines en cas d’accord d’entreprise tout en réduisant le temps de repos minimal quotidien avec le fractionnement des heures de repos.rendant possible la durée maximale de travail hebdomadaire à 46h pendant 16 semaines et en réduisant le temps minimal quotidien de repos!

Au-delà du démantèlement du droit du travail, c’est l’inversion des normes, c’est-à-dire la primauté de l’accord d’entreprise sur les accords de branche et la loi (généralement plus favorable pour le salarié), qui pose problème.

Ce texte d’essence libérale affaiblit encore la protection des salariés.

Un dispositif sans efficacité sur l’emploi et désastreux politiquement puisqu’il favorise encore l’éloignement de l’électorat de gauche du gouvernement. »

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