Le conflit porte sur les conditions de travail et notamment les temps de pause des conducteurs. Le tram ne circulera que toutes les 20 minutes de 12h à 20h.
Le mouvement s’annonce très suivi : d’après la CGT, plus de 200 conducteurs de Fil Bleu seront en grève ce vendredi, soit 70% des effectifs inscrits au planning de l’entreprise pour faire circuler les bus et les trams de l’agglomération de Tours. « Notre problème, ce sont les conditions de travail » explique Michel Audineau qui est délégué syndical. Et c’est déjà ce motif qui avait été mis en avant lors du dernier conflit au sein de Keolis, fin 2014 : « il y a eu des avancées suite à cette grève mais depuis il y a dû y avoir des pertes de mémoire » complète-t-il, dénonçant des directives de la direction qui, selon lui, visent simplement à faire progresser la rentabilité de l’entreprise.
Dans le détail, c’est la gestion des plannings qui pose problème aux grévistes : des pauses trop courtes (3 minutes après des courses d’1h20 avec le risque de voir ce temps réduit en cas de retard) ou trop longues (plusieurs heures entre deux prises de service). Pour bien comprendre, il faut expliquer que les conducteurs de Fil Bleu ne passent pas toute leur journée sur la même ligne. Ils peuvent par exemple commencer sur la 2 (Trousseau-Les Douets) puis passer sur la 15 (Joué-La Riche) et en plus les changements de poste ne se font pas forcément aux terminus mais parfois en plein milieu de la ligne (aux Atlantes, à la gare de Tours ou à Verdun) : « certaines fois, les agents se retrouvent à attendre 20 minutes en plein vent et sans toilettes avant de prendre un autre bus » déplore Michel Audineau.
Mais alors pourquoi cette grève maintenant, en plein milieu du mois de février, et pas en septembre ou en janvier ? « C’est dû à la fermeture du Pont Maupas de Chambray-lès-Tours. Certaines lignes ont été modifiées (3, 14 et 118, ndlr) et parfois raccourcies mais on a quand même un temps de battement identique en bout de course. Pour gagner en productivité, il y a des bus en moins en circulation même si l’usager ne voit pas la différence car les grilles horaires n’ont presque pas été modifiées. Le gain se fait sur le temps de pause des conducteurs. Ca entraîne de la fatigue physique et nerveuse et les collègues en ont ras-le-bol » s’agace encore le représentant de la CGT.
Même le tram, fleuron du réseau, s’attire les foudres de certains salariés de Keolis : « on a 3 minutes de pause au terminus de Joué-lès-Tours et 6 minutes à Vaucanson, sans compter les retards fréquents (soit 9 minutes de battement pour 96 minutes de conduite, ndlr). Ce n’est pas bon pour la sécurité. Du coup beaucoup d’agents‘démissionnent’ du tram, on en compte déjà une quinzaine. » Et Michel Audineau de proposer qu’en fin de ligne, le conducteur soit systématiquement relevé et ne reparte qu’une fois le tram suivant arrivé. Des suggestions que la direction n’a pas acceptées pour l’instant malgré plusieurs réunions de négociations, dont une encore ce mardi. Une autre est annoncée ce jeudi à l’issue d’un Comité d’Entreprise mais il y a peu de chances pour qu’elle entraîne une levée du mouvement : « ils attendent le rapport de force… » souffle la CGT, qui tiendra une assemblée générale dès 9h vendredi afin d’envisager une éventuelle reconduction de la grève pour le week-end.
Concernant le trafic ce vendredi, il sera fortement impacté par le mouvement, y compris pour le tram qui ne circulera pas du tout avant midi. Des bus Plan B, qui suivent l’itinéraire de la ligne A, passeront cependant toutes les 30 minutes dès 5h, de Vaucanson à Joué-lès-Tours. Dès 12h, le tram circulera lui toutes les 20 minutes, mais seulement jusqu’à 20h. Sur le réseau bus, 40% du trafic sera assuré en moyenne mais les lignes 19, 20, 30, 31, 32, 34, 51, 52, 53, 54, 56, 114 et la Citadine ne rouleront pas du tout. Seules les lignes scolaires circuleront normalement. Enfin, dès 21h, le réseau sera complètement à l’arrêt. Toutes les infos dès ce jeudi au N° Vert 0 800 600 408 (de 7h à 20h) ou toute la journée sur www.filbleu.fr.
Olivier COLLET
