Une primaire à gauche avant la présidentielle : pourquoi ils y croient

Encartés ou engagés, ils espèrent un grand mouvement citoyen pour choisir le candidat capable de se qualifier au second tour en 2017.

Le député PS de Tours Jean-Patrick Gille, l’économiste Julia Cagé, le rédacteur en chef d’Alternatives Économiques Guillaume Duval et le co-président de Nouvelle Donne Pierre Larrouturou le répèteront autant de fois que nécessaire lors de notre rencontre en marge de leur réunion publique organisée à Tours ce mardi : s’ils réclament haut et fort l’organisation d’une primaire « des gauches » en amont de l’élection présidentielle de 2017, ce n’est pas juste pour mettre tout plein d’épines dans le pied de l’actuel président François Hollande s’il souhaite briguer un second mandat mais au contraire c’est pour lui laisser une chance d’être au second tour du scrutin, « sa seule chance. » « Nous voulons faire émerger un candidat unique de la gauche » précise Julia Cagé, mais « pas un homme ou une femme providentiel » complète Pierre Larrouturou, seulement un candidat qui soit capable de rassembler. Et tout ça, ils n’ont que quelques mois pour y arriver.

Fort de 80 000 signatures, le mouvement « Notre Primaire » est né en ce début 2016, « et en six semaines il a déjà fait beaucoup de chemin. Lors du dernier Bureau National du PS, personne n’a voté contre le principe » détaille encore Pierre Larrouturou qui n’oublie pas qu’il y a 5 ans François Hollande lui-même se moquait de Nicolas Sarkozy qui ne voulait pas passer par une primaire à droite avant de se présenter pour un deuxième quinquennat. Donc en fait, si le chef de l’Etat ne se déclare pas encore officiellement en accord avec le concept, c’est plus pour apparaître le plus longtemps possible dans le costume du Président plutôt que dans celui du Candidat (vu sa côte de popularité, c’est peut-être assez sage comme raisonnement…). Et puis il a aussi fait une autre promesse : celle qu’il ne serait pas candidat si la courbe du chômage ne baissait pas. Et en ce moment, bah, elle joue un peu au yo-yo.

Mais en fait, les animateurs du collectif Notre Primaire, ils affirment s’en moquer un peu des questions de personnes. « On veut avoir de grands débats sur les idées : les questions sociales, l’Europe… Des débats avec la société civile : des gens qui croient encore un peu en la politique ou ceux qui n’y croient plus » explique Julia Cagé. Alors dans la troupe qui parcourt actuellement la France il y a quelques noms influents comme l’économiste Thomas Piketty qui a ses entrées aux Etats-Unis ou l’écolo Yannick Jadot. « On est convaincus qu’il y a des solutions pour sortir le pays de la crise gravissime dans laquelle il se trouve. Il est urgent d’arrêter les blagues. Si on ne change pas de politique, on va vers une tragédie. » « Les gens de gauche ont en réalité plus de choses en commun que ce que l’on ne pense » insiste Guillaume Duval.

Dépasser les égos personnels pour servir l’intérêt commun, ce qui devrait être l’essence même de la politique, et ce qui n’a jamais vraiment marché. Pour 2017, l’enjeu est de savoir si la peur de voir droite et FN s’affronter au second tour sera assez forte pour éviter une cascade de candidats de gauche au premier tour de la présidentielle (on se souvient qu’en 2002, il y avait au total 16 bulletins le 21 avril quand Jean-Marie Le Pen a fini deuxième devant Lionel Jospin). Les animateurs de Notre Primaire ont fait leurs calculs : « aux régionales, l’ensemble des voix de la gauche au premier tour était supérieur au total des voix LR-UDI. »

C’est avec cet argumentaire que Jean-Patrick Gille et les autres vont voir tout le monde : le PS, les Verts, les Communistes, Ensemble !… Ils ont même l’espoir de ramener Jean-Luc Mélenchon dans le rang et de le compter parmi les candidats de la primaire plutôt que trublion solitaire sur la route de l’Elysée : « pour l’instant il n’a pas envie mais si il y a une vraie dynamique il frappera lui-même à notre porte. » Donc ils ne s’affolent pas et discutent des modalités : la date du scrutin, les règles pour être candidat… « Il y aura peut-être 5 ou 10 candidats, sans doute pas plus mais ce sera suffisant pour voir émerger de nouvelles têtes. »

In fine l’objectif c’est surtout « que tous les candidats s’engagent à soutenir le vainqueur pour le premier tour », d’où l’intérêt de discuter dès aujourd’hui des idées pour aboutir à un accord programmatique voire l’ambition de créer une VIème République en cas de victoire finale à la présidentielle. « On est dans les idées avant les candidats. On veut vraiment se libérer de la coupe des partis. Le but c’est que les citoyens contribuent à un débat. Personne ne veut d’un candidat d’appareil. » En terme de stratégie politique, cette façon d’occuper le terrain c’est enfin une bonne manière de se montrer alors qu’en face la primaire de la droite et du centre occupe une large part de l’espace médiatique.

Olivier COLLET

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