Des avocats sur scène : un procès qui dénonce le viol conjugal

A l’occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes.

Monsieur Bernard est l’accusé pour viol conjugal d’un procès fictif qui se jouera devant une salle comble à la Pléïade samedi 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Un succès qui oblige l’organisatrice, la déléguée aux droits des femmes, Nadine Lorrin à envisager une seconde représentation en avril 2018. La pièce a été intégrée au « Tour de France de l’égalité », une consultation nationale qui aboutira à un projet de loi après le 8 mars 2018.

De quoi s’agit-il ?

L’argument de la pièce s’inspire d’un procès réel qui a eu lieu aux Assises de Tours il y a quelques années. L’accusé nie avoir violé son ex-conjointe, Madame Antoine, 18 mois auparavant.

Pas facile de résumer quelques jours d’assises en 1 heure, témoigne Jean-Michel Sieklucki, l’auteur des dialogues et ancien avocat au barreau de Tours. Au-delà de la difficulté, même pour un avocat, de jouer sur scène « sans le stress qu’on a avec un vrai client », l’enjeu de l’exercice est pédagogique tant sur le terrain de la procédure que de celui du droit des femmes.

« Devoir conjugal » et consentement

Pour le second, le message à faire passer est double : « beaucoup pensent qu’au sein d’un couple, il ne peut pas y avoir de viol », explique Nadine Lorrin, or l’aspect conjugal est même une circonstance aggravante. Le second message s’adresse aux femmes : « les inciter à franchir la porte des commissariats et parler ». Pour Isabelle Gerdet, avocate indépendante au Barreau de Tours et avocate pour enfants, les souffrances touchent toute la famille.

La pièce veut aussi mettre les difficultés en lumière ; « c’est compliqué parce qu’il y a l’affect » précise l’avocate. L’homme est souvent dans le déni, estimant que le « devoir conjugal » lui « est dû ». L’épouse éprouve quant à elle des remords à poursuivre un homme qu’elle a aimé et avec qui elle a fondé une famille. Et puis il faut prouver que l’on a dit non. La pièce éclaire sur les éléments recevables en justice.

Un lexique des Assises

Inspiré d’un projet monté dans le Loir-et-Cher par la Maison des Droits et de la Justice, le procès fictif réunit les acteurs du Réseau du « Protocole de prévention et de lutte contre les femmes » monté en 2007 avec 52 structures au total (Ordre des avocats, Planning familial et autres associations locales), 20 personnes ont accepté de monter sur scène. Les avocats des deux parties sont interprétés par de vrais avocats qui ont écrit une plaidoirie pour l’occasion. Paradoxalement, les français connaissent mieux le fonctionnement américain que le leur, aussi, un lexique sera-t-il distribué au public pour appréhender les rôles de chacun.

Selon Pascal Dabouy, qui interprète le rôle de l’accusé, le véritable enjeu se situe dans l’éducation. C’est pourquoi la troupe a réalisé un travail en amont avec des lycéens. Une classe du lycée professionnel Martin Nadaud de Saint-Pierre a réalisé les décors de la pièce et leurs professeurs n’ont pas manqué de débattre avec eux sur ce thème.

Dorothée Briand

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