Quand le festival de Cannes se prépare en Centre-Val de Loire

Cette année, 4 films soutenus dans la région seront présentés au festival de Cannes. Le milieu professionnel du cinéma est par ailleurs en pleine croissance près de chez-nous avec environ 500 salariés.

L’an dernier, le film Divines a reçu la Caméra d’Or au festival de Cannes (l’équipe est en photo ci-dessus aux Studio à Tours). Un événement pour sa réalisatrice et ses jeunes comédiennes. Une fierté aussi pour la région Centre-Val de Loire qui a aidé Houdya Benyamina pour l’écriture du scénario.

Cette année, cru exceptionnel, 4 films soutenus financièrement sur notre territoire sont sélectionnés sur la croisette à l’occasion du 70ème festival du film qui débute ce mercredi. Il y aura 120 Battements par minute de Robin Campillo, en compétition officielle, Après la guerre à Un certain regard, un documentaire sélectionné par l’Association du Cinéma Indépendant et Pépé le Morse, court métrage d’animation sorti des studios de Vendôme. Autant d’occasions de s’intéresser de près au travail de Ciclic qui les a accompagnés. Rencontre avec son directeur, Philippe Germain.

Précisez-nous ce qu’est Ciclic ?

Ciclic est un établissement public de coopération culturelle fondé par l’Etat et la région Centre-Val de Loire pour développer la vie culturelle dans le cinéma, l’audiovisuel et la vie littéraire. On intervient de la création à la diffusion des œuvres en mettant aussi en place un travail d’éducation artistique. Nous allons dans les lycées ou les écoles voire hors temps scolaire pour des personnes éloignées de la culture. En tout nous sommes 46 répartis entre Château-Renault, le studio d’animation inauguré en 2015 à Vendôme, le site d’Issoudun avec 16 000 films conservés et le dernier site de St-Jean-de-la-Ruelle d’où partent les camions cinéma qui amènent les films au plus près des territoires.

Ciclic c’est comparable au CNC, le Centre National du Cinéma, principal financeur des films ?

On en est un partenaire. Comme lui on apporte des soutiens à la création de courts métrages, de documentaires, de films d’animation et de longs métrages avec un budget d’aides de 2 200 000€ par an. On aide des films au début avec un soutien à l’écriture et on fait le pari de soutenir l’émergence, les premiers pas des nouveaux auteurs. Donc on soutient les premiers et deuxièmes longs métrages. Ce sont des films à petits budgets, des films dits « fragiles » ou « indépendants » qui ont plus besoin d’une aide de la collectivité territoriale. Pour un long métrage une aide à l’écriture ça peut correspondre à 15 000€, 100 à 150 000€ pour la production d’un film, 40 000€ pour le court métrage d’animation. Et nous sommes souvent la première structure à croire en un film et à le subventionner.

Pour 200 projets de courts métrages reçus, nous en aidons 4, 4 à 5 longs métrages aidés pour 100 projets reçus, et 4 soutiens à l’écriture pour une cinquantaine de demandes. Les choix sont faits par des commissions de professionnels (pas les élus ou les équipes de Ciclic). Et surtout on rencontre les porteurs de projets, et ça peut arriver de dire banco parce que la présentation nous avait particulièrement plu.

A quoi sert l’argent ?

Ca sert déjà à vivre. On sait que les intermittents ont souvent du mal à finir leurs fins de mois donc une aide à l’écriture ça leur permet d’acheter du temps pour écrire. Ca peut aussi leur permettre de coécrire en nouant des collaborations avec des scénaristes professionnels qui viennent renforcer le projet et l’idée afin de convaincre des financeurs après réécriture du scénario. Et sur 10 aides que l’on donne à l’écriture, 7 films se réalisent. Faut avoir du flair, faire confiance aux professionnels et rencontrer les porteurs de projets. C’est un vrai pari.

Quelles sont les conditions ?

Sur les aides à l’écriture actuellement il n’y a pas de deal. Mais aujourd’hui on s’interroge là-dessus, voir si l’on peut par exemple demander à l’auteur de venir ensuite organiser des rencontres avec des étudiants. Pour les aides au tournage, il faut que tout ou partie du film se tourne dans la région même si on ne la reconnait pas forcément. L’an dernier, Diamant Noir qui a eu un césar a été tourné à Bourges mais on ne reconnait pas la ville. L’idée est en fait de faire fonctionner l’économie régionale du cinéma : des comédiens, des techniciens… Pour 1€ d’argent public investi, ça correspond à 4 ou 5€ de retombées dans l’économie locale via les salaires par exemple. Pour la série de France 3 La Loi de… tournée avec Jean-Pierre Darroussin récemment dans la région, c’est pratiquement 40 personnes qui ont travaillé sur le tournage, y compris des rôles avec du texte et des techniciens chefs de poste.

Quel poids à l’économie du cinéma en Centre-Val de Loire aujourd’hui ?

Ca représente environ 500 personnes avec de plus en plus de structures de production, une trentaine, qui commencent à traverser les frontières de la région. Traditionnellement elles produisaient surtout des documentaires mais maintenant elles se diversifient vers la fiction, voire mettent en place des coproductions internationales. Donc l’économie se développe et se porte plutôt pas mal. D’autant que l’on a la chance d’avoir un soutien qui se maintient, pas de baisse de budget. Et avec le studio d’animation de Vendôme, on voit par exemple que des industries techniques, des auteurs, des techniciens, s’implantent dans la région parce que l’on est à moins d’1h de Paris. On vient par exemple de mettre en place une résidence d’écriture de polars à Monts.

On se rend aussi compte qu’il y a de plus en plus de tournages, notamment de courts métrages qui se font sans aides de Ciclic. C’est le cas avec des événements comme les Essentiels ou le 48h Film Festival de Tours.

Propos recueillis par Olivier COLLET

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