Les hélicoptères prêts à décoller pour protéger les vignes du gel

Les températures risquent de descendre en dessous de 0 ce jeudi matin.

Guillaume Lapaque a eu froid et chaud ce mercredi matin. Représentant des différentes appellations viticoles tourangelles, il s’est levé tôt pour être aux côtés des viticulteurs, tendus à cause de la baisse des températures. Les professionnels du vin craignent de revivre le scénario de l’an dernier, quand le thermomètre était subitement tombé à -7° en une nuit, ravageant les parcelles de vigne et entraînant une baisse catastrophique des récoltes de raisin : « l’appellation montlouis qui produit habituellement 2,5 millions de bouteilles n’en a produit que 500 000 avec le millésime 2016 » explique-t-il.

Du coup, quand la météo a commencé à prévoir des gelées pour cette semaine, et alors que la vigne est en avance grâce à un printemps très ensoleillé, tout le monde s’est mis à avoir peur. En 5 ans, l’Indre-et-Loire a été touchée trois fois par le gel. De quoi inciter les exploitants à mettre le prix pour protéger leurs parcelles à la moindre alerte. C’est pour ça que cette année, 30 d’entre eux se sont unis pour financer un système antigel par hélicoptère. Au petit matin les jours où il fait froid, ils décollent dès le lever du jour et brassent l’air pour ramener l’air chaud près du sol et donc éviter le gel des plantes.

Après des tests en conditions réelles il y a deux semaines, le dispositif était prêt à servir « pour de vrai » ce mercredi matin afin de survoler 300 hectares de vignes dans le secteur de Montlouis-sur-Loire. 8 hélicoptères et leurs pilotes sont venus de tout le Grand-Ouest, direction Dierre. A l’heure prévue, ils étaient prêts à partir mais finalement aucun appareil n’a décollé car les températures n’ont pas été alarmantes : « on a relevé -0,2° près du sol. Jusqu’à -2° ça passe » comment Guillaume Lapaque. Un hélicoptère a tout de même fait le travail du côté d’Azay-le-Rideau, « mais ce n’était pas forcément nécessaire. Ca nous permet néanmoins de vérifier ce dispositif » qui reste encore assez peu utilisé en France, c’est d’ailleurs une première pour le Val de Loire.

Forcément, cette assurance aérienne a un coût : 200€ de l’hectare et 80€ si l’hélicoptère reste au sol, soit une facture à 24 000€ pour cette seule matinée du 19 avril : « mais il faut mettre ce coût en relation avec les millions d’euros de pertes subis l’an dernier » veut relativiser Guillaume Lapaque, précisant que l’Etat n’indemnise pas les pertes de récoltes, seulement les pieds de vigne tués par le gel. Ainsi, pour pallier à toute éventualité, les vignerons ont déjà réservé les appareils pour ce jeudi matin. Les pilotes seront réveillés à 5h, prêts à partir survoler le vignoble si jamais la gelée menace : « on regarde les bulletins météo toutes les demi-heures sur plusieurs sites. On est plutôt optimiste. L’air est sec et il y a du vent et ces conditions ne sont pas favorables au gel. »

A partir de vendredi, la situation s’annonce plus clémente avec des températures positives, donc plus besoin de bloquer les hélicoptères en Touraine. Ils peuvent néanmoins être rappelés à tout moment d’ici la mi-mai et les fameux Saints de Glace (journées souvent fraîches autour du 10 mai). Et tant pis si le dispositif est bruyant ou polluant, il est jugé plus efficace et moins coûteux que les éoliennes, les bougies ou l’aspersion.

Olivier COLLET

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