Comment sauver les vignerons victimes du gel ?

80% des exploitations du département ont été touchées.

L’Indre-et-Loire c’est 900 exploitations viticoles, 10 000 hectares de vigne (en moyenne 15 pour chaque vignerons) 5 000 personnes qui y travaillent… Alors quand 80% des exploitations sont touchées par le gel et que l’on estime la récolte du millésime 2016 à 50% de sa capacité, on peut parler de crise historique. A côté, la grêle de 2013 (moins étendue, concentrée sur Vouvray) c’était un coup dur. Là, les représentants des vignerons s’inquiètent grandement pour l’avenir des exploitations car les trésoreries sont vides, plombées par les récoltes déjà faibles de ces dernières années (ça commençait tout juste à repartir depuis 2014).

Il y aura du vin de Touraine estampilé 2016, et il sera sans doute très bon. Mais comme il y en aura moins, il sera probablement cher et pas forcément facile à vendre car moins présent sur les étals, notamment en grande surface. L’avantage, c’est que les professionnels ont près d’un an pour se préparer à ces conséquences. La mobilisation n’en a pas été moins rapide avec plusieurs réunions en moins d’une semaine. Et ce mercredi, étaient réunis autour de la table le préfet, les élus, les syndicats viticoles, les représentants des finances publiques, de la Chambre d’Agriculture ou des douanes…

A la sortie, tout le monde s’estimait satisfait des aides proposées pour le monde du vin tourangeau.

– Les viticulteurs pourront demander des heures de chômage partiel pour leurs salariés. Ils seront indemnisés, sur la base du SMIC, à hauteur de 7€74 par heure chômée mais le dispositif devrait rester limité : « on a déjà reçu quelques demandes cela dit ça restera ponctuel, en ce moment et au moment de la mise en bouteille » tempère le représentant de la direction des enhtreprises et de l’emploi (DIRECCTE) car il y a toujours de l’entretien à faire dans les vignes, même ravagées.

– Le Ministère de l’Agriculture a été sollicité pour mettre en place un fonds d’allègement des charges bancaires. Pour savoir à quelle somme les vignerons ont droit, leur situation sera analysée sur la base des données recueillies par la Chambre d’Agriculture qui va faire un diagnostic exploitation par exploitation et regrouper toutes les données dans un fichier unique d’ici deux mois. Les banques pourront compléter en acceptant des reports de remboursements de crédits, par exemple. Pour les vignerons les plus touchés (jusqu’à 100% de récolte détruite), on pourrait aller jusqu’à une année blanche, c’est-à-dire zéro charge à verser.

– Les services des impôts proposeront des mesures d’allègement de la taxe foncière pour les terres. Pour les vignerons locataires de leurs vignes, cette somme devra leur être reversée par les propriétaires. En juillet, la mutuelle des agriculteurs pourrait aussi accepter des baisses de cotisations sociales. Les viticulteurs assurés (un tiers) pourront solliciter un versement de primes de leur compagnie dès cette année. Enfin, même si la mesure a été abrogée, les douanes réfléchissent à la façon d’autoriser les viticulteurs à acheter des vendanges à d’autres afin de maintenir une production et ne pas perdre leurs parts de marché.

Et si il gêle de nouveau ?

Au-delà de ce plan d’aide, une réflexion a été engagée pour protéger au maximum les vignes du froid. Soyons francs, ce sera long : après la grêle de 2013 à Vouvray, un dispositif de prévention a été imaginé et il sera pleinement opérationnel l’an prochain, 4 ans plus tard.

Plusieurs dispositifs existent : des tours antigel, l’aspersion, des fils électriques chauffants, des bougies… Tous coûtent cher et nécessitent des regroupements entre viticulteurs pour être réellement efficaces sur toute une zone. Un exemple : une tour antigel c’est 30 à 40 000€ pour sécuriser 3 à 4 hectares. Le Conseil Régional en a financé une vingtaine en 2014 (pas qu’en Touraine) et veut doubler la somme dans les prochaines années, voire plus encore. Une goutte d’eau rapport aux 10 000 hectares que nous évoquions plus haut.

L’aspersion est vue aujourd’hui comme la technique la plus efficace. Mais ça ne marche pas partout. Une cinquantaine de vignerons du bourgueillois l’ont mise en place ainsi qu’une quarantaine d’autres dans le chinonais (et ça a fait ses preuves la semaine dernière). Mais sur les vignobles de l’Est du département, les conditions ne sont pas réunies. Il va donc falloir trouver d’autres solutions et fédérer les domaines pour rationaliser les coûts. Sans trop traîner si le gel refait des siennes dans les années à venir…

Olivier COLLET

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